Enquêtes archéologiques de printemps
C’est le printemps pour nous ! même si le calendrier dit nous sommes en février. C’est le printemps que l’on attendait. Nos idées, nos envies, se concrétisent, une équipe universitaire est arrivée d’Amiens !
François Blary, Maître de conférence à l’Université de Picardie, qui avait fait part de son intérêt pour le site en 2009 tient parole. Une enquête archéologique pluridisciplinaire débute et va se prolonger tout au long de 2011.
Mission archéologique d’été – 11-16 juillet 2011
Les intervenants :
François Blary chef de la mission et Richard Jonvel, de l’Université de Picardie qui ont poursuivi leur travail de relevés topographiques sur la Grange des Beauvais.
Jean Pierre Gély, géologue, chercheur associé au Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris (Lamop UMR 8589), Paris I Panthéon-Sorbonne – CNRS, spécialiste dans l’identification de la nature des pierres et de leurs carrières.
Alain Tabbagh, Professeur de géophysique et de prospection magnétique des sols, à l’Université de Paris VI Pierre et Marie Curie, est venu quelques heures préparer le chantier qu’il conduira à l’automne avec une vingtaine d’étudiants de Master.
Sur le plan scientifique Alain Tabbagh confirme l’intérêt exceptionnel du site qui, par chance, n’a pas connu d’altération depuis une époque très ancienne ;
Sur le plan logistique il souhaite bénéficier de la Grange de l’Enclos pour entreposer le matériel de travail et tenir avec ses étudiants les réunions de synthèses qui pourraient se dérouler jusqu’à une heure avancée de la soirée.
Claude Acloque, chargée des archives des relevés topographiques,
Arnaud Ybert, spécialiste de l’examen des traces d’outils sur les parements, Université de Picardie.
Visite d’Isabelle Rambaud, directrice des Archives de Seine et Marne, accompagnée de madame Marie-Claire Coste, archéologue du Conseil Général. Sébastien Charrier, avec un cerf volant équipé d’appareils pour photos aériennes.
Bilan provisoire de cette mission
(établi par les profanes que nous sommes)
Pour faciliter la compréhension des progrès obtenus nous avons décidé d’identifier les différents espaces des Beauvais en leur donnant des noms.
Du Nord au Sud : La laiterie, l’écurie, la bergerie, le cellier aux deux piliers, la salle à la colonne de grès et la salle aux deux colonnes.
Il est clair que le mérite de cette mission réside dans la pluridisciplinarité de l’équipe. Cela permet de faire converger plusieurs regards différents sur une même réalité afin de confirmer – ou d’infirmer – les intuitions et les observations de chacun. Un exemple nous aidera à mesurer l’intérêt de cette démarche : le cellier aux deux piliers.
– François Blary signale des modifications successives dans l’édification des murs et des ouvertures qui autorise une interprétation du lieu à multiples épisodes. La datation de ces épisodes sera possible en partie par l’examen des traces d’outils qui ont servi à tailler les pierres (ce qui est du ressort d’Arnaud Ybert). Il parait évident que l’espace aux piliers a été divisé en deux et que le mur intermédiaire est une cloison tardive qui le sépare en deux pièces aujourd’hui distinctes.
– Jean Pierre Gély constate que les pierres du premier pilier sont de trois natures différentes : certaines de calcaire local, d’autres de grès, extraits dans les parages, d’autres enfin, les plus nombreuses, provenant des carrières lutéciennes. Extraites à plus de 80 kms de Preuilly, elles ont coûté cher en transport, ce sont des pierres nobles réservées aux édifices de prestige dont l’emploi ne se justifie pas dans une grange. Comment dès lors expliquer leur présence aux Beauvais et l’édification de ces deux beaux piliers ?
On peut retenir l’hypothèse de pierres commandées pour la construction de la grande église abbatiale, dont le surplus aurait été utilisé dans le cellier à peu près à cette date. On peut aussi penser que ledit cellier a été d’abord une pièce affectée à un usage noble avant de servir de cellier, ce qui confirmerait la remarque de François Blary.
La séance de photographies aériennes par cerf volant s’est déroulée sans incident. Les quelques mille clichés devront être classés et analysés en vue d’un montage qui rendra explicite l’intérêt de ces prises de vue. D’ores et déjà on peut dire que les photos sont belles et porteuse de sens pour la suite mais que le vent capricieux, l’arrosage régulier des sols et le tassement des prairies sous le pas des chevaux n’ont pas permis une optimisation maximale de l’opération.
Mais rien n’arrête la curiosité d’un chercheur… François et Richard ont fait là la découverte du jour : 5 carreaux de pavement du XIIème siècle, une fleur de lys, un quart de marguerite, une rosace, un carreau glaçuré et… un lévrier bondissant !